14

C’était devenu comme un rituel depuis son retour. Jaina, toutes les quatre heures, allait trouver l’officier de garde pour savoir s’il avait obtenu des nouvelles du Faucon. Puis elle allait tuer le temps, plantée devant l’une des baies panoramiques du Ralroost, en observant le va-et-vient du trafic spatial, projetant les ondes de la Force dans l’espoir que l’une de ces petites lumières mouvantes lui répondrait ou lui adresserait un signe familier.

Elle allait abandonner ses efforts, cet après-midi-là, lorsqu’un petit appareil, se déplaçant avec agilité, attira son attention. L’engin lui évoqua l’équivalent spatial d’un swoop : un cockpit exigu amarré à un énorme et incongru assemblage de réacteurs à fusion ionique et d’hyperpropulseurs. L’appareil était en approche, et sa trajectoire allait le conduire à la baie d’accostage principale du Ralroost.

Jaina s’élança au pas de course par les coursives stériles du croiseur de combat afin de rejoindre la soute, n’adressant que de vagues saluts du bout des doigts aux recrues qu’elle croisait. Elle descendit l’échelle qui menait à la plate-forme et vit que le pilote de l’engin, un humain, avait déjà mis pied à terre et était en train de dégrafer les sangles qui retenaient son casque bosselé. Ses cheveux en bataille étaient roux, son visage couvert de taches de son. Constituée d’éléments apparemment récupérés dans trois unités bien distinctes, sa tenue de vol était souillée et rapiécée. Ses bottes, énormes, étaient aussi incongrues que l’assemblage des réacteurs de son petit chasseur. Le blaster qu’il portait à la ceinture semblait encore plus âgé que celui qu’utilisait Han Solo.

Jaina l’intercepta alors qu’il allait quitter la baie. L’homme lui adressa un vif salut militaire.

— D’où venez-vous, Lieutenant ? cria-t-elle pour se faire entendre dans le vacarme combiné des moteurs en préchauffage, des travaux de réparation et des opérations de lancement.

— Station orbitale de Caluula, mon Colonel.

Remarquant l’air confus de Jaina, il ajouta :

— Dans l’Hégémonie de Tion. J’ai un message de l’officier en poste pour le commandement de l’Alliance Galactique.

Jaina se rapprocha de lui.

— Vous êtes un messager ?

— Oui, mon Colonel.

— Alors je vais personnellement vous conduire à la cabine de l’Amiral Kre’fey.

Apparemment, la proposition sembla troubler l’homme, mais il s’empressa de la remercier par égard pour son grade plus élevé.

— Ce n’est pas nécessaire, vous savez…

— Si, si, j’insiste.

Jaina lui indiqua l’écoutille qui s’ouvrait sur la coursive principale et marcha à ses côtés.

— Quand avez-vous quitté Caluula ? demanda-t-elle quand elle put enfin s’exprimer sans être obligée de crier.

— Il y a deux jours, en temps relatif. Aucun contact hostile en chemin. J’ai juste eu des petits soucis de moteur.

— Est-ce qu’un vaisseau quelconque aurait accosté à Caluula avant votre départ ?

— Un vaisseau ?

— Oui, un cargo en piteux état, un YT-1300 ?

— Non.

— Vous êtes sûr ?

— Je me serais souvenu d’un YT-1300, mon Colonel.

— Quelle est la situation à Caluula ?

Le lieutenant regarda tout autour de lui.

— Je ne sais pas si j’ai la liberté de… commença-t-il, avant de hausser les épaules. Oh, et puis qu’est-ce que ça peut bien changer, hein ? Le Commandeur Garray souhaite informer l’Amiral Kre’fey que si nous ne recevons pas rapidement des renforts et de l’approvisionnement, nous risquons de tomber aux mains des Yuuzhan Vong.

— Je suis navrée de l’apprendre.

Il s’arrêta net.

— Sans vouloir vous froisser, mon Colonel, je vais terminer le chemin tout seul. Plus tôt j’aurai livré ce message, plus tôt je pourrai repartir pour Caluula.

Jaina hocha la tête.

— Que la Force soit avec vous, Lieutenant.

— Et avec vous, Colonel.

Jaina le regarda s’éloigner. Pour la première fois depuis bien longtemps, elle se sentit isolée, apeurée. Toujours aucune nouvelle de Jacen, Luke et Mara. Et voilà que son père et sa mère étaient à présent portés disparus, probablement naufragés quelque part dans un lointain système stellaire. A chaque fois qu’elle essayait de se convaincre qu’ils allaient bien, des images terribles lui venaient à l’esprit. A chaque fois qu’elle essayait d’appeler Leia dans la Force, elle ne recevait aucune réponse.

Elle commença à comprendre ce que ses parents avaient dû éprouver lorsque leurs enfants s’étaient embarqués pour la mission sur Myrkr. Anakin avait été tué, Jacen avait disparu, Jaina avait rejoint le Consortium de Hapes à bord d’un appareil volé aux Yuuzhan Vong… C’était déjà bien difficile d’être un adolescent se faisant du souci pour ses parents. C’était certainement bien pire d’être un parent se faisant du souci pour ses enfants. Elle repensait souvent à la phrase de Han, au moment de la mort d’Anakin : « Un père n’est pas censé survivre à son propre fils. »

Les pensées de Jaina convergèrent brièvement vers son oncle Luke et sa tante Mara. Ils avaient laissé leur bébé, Ben, aux bons soins de Kam et de Tionne dans une base secrète appelée Maw, « La Gueule ». Mais ils devaient se poser bien des questions, eux aussi… Parfois, même la Force ne pouvait protéger une personne de ses peurs, aussi imaginaires soient-elles. Jaina se demanda si elle serait un jour capable de fonder une famille, de supporter, jour après jour, l’idée que son enfant puisse succomber à une maladie, à un accident, qu’il fasse un mauvais choix, qu’il se trouve au mauvais endroit au mauvais moment…

La pensée lui donna le tournis et elle s’adossa à la froide paroi de la coursive. Elle entendit quelqu’un appeler son nom et pivota pour voir Jag accourir vers elle.

Grand et noueux, avec quelques touches de blanc dans ses cheveux noirs, Jag était le fils de Soontir Fel et de Syal Antilles. Ses parents avaient tous deux choisi de demeurer dans l’espace Chiss. Tout comme les confédérés Chiss de l’Escadron Avant-Garde, Jag portait un uniforme noir galonné de rouge.

— Tu vas bien ? demanda-t-il, avec une pointe d’angoisse inhabituelle dans la voix. Qu’est-ce qui s’est passé ?

Ils se serrèrent l’un contre l’autre quelques instants, puis Jaina se redressa.

— Ça va, je t’assure que ça va. Je suis juste morte de trouille.

Les yeux verts de Jag étudièrent intensément son visage.

— Tu as peur de quoi ?

— Des… possibilités, répondit-elle, secouant la tête pour appuyer son incertitude.

— Aucun message de tes parents, je suppose, dit-il en lui prenant la main.

— Rien du tout. Pas un mot non plus de Jacen.

Jag pinça les lèvres.

— Je suis persuadé qu’ils vont tous très bien.

— Comment peux-tu en être certain ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils. A moins que ce ne soit juste un truc qui se dit quand, justement, on ne sait pas quoi dire…

Jag cligna plusieurs fois des yeux.

— Je… eh bien, c’est peut-être un peu des deux. Est-ce que j’ai obtenu confirmation que Jacen et tes parents allaient bien ? Non. Est-ce que mon cœur me dit qu’ils vont bien ? J’en ai l’impression.

Jaina lui sourit sans malice.

— Il n’y a pas de meilleur remède que la logique, c’est ça ?

Jag fronça ses minces sourcils, les plis soulignèrent une fine cicatrice qui lui partait de l’arcade droite et courait jusqu’à ses cheveux.

— Je…

— Non, tu as raison. C’est moi qui me fous la rate au court-bouillon. Merci.

Il l’observa quelques instants avant de lui demander :

— Qu’est-ce que la Force t’indique ?

— Disons simplement que la Force n’est pas en train de me peindre un tableau aussi optimiste que celui que tu viens de me décrire.

L’expression de Jag vira au scepticisme.

— Tu pourrais te tromper, non ?

— Comment cela ? Tu crois que la Force me jouerait des tours ?

Elle secoua la tête.

— Non, ce n’est pas comme ça que ça marche…

— Et comment ça marche, alors ? demanda-t-il sèchement. C’est si différent de l’intuition ? Est-ce qu’il existe, grâce à la Force, un lien plus solide entre toi et tes parents qu’entre moi et les miens ?

Jaina ferma les yeux.

— Jag, je t’en prie, ce n’est vraiment pas le moment de s’engueuler…

Il voulut rétorquer mais s’interrompit, pour déclarer :

— Peut-être qu’on pourra enfin se parler à cœur ouvert quand la guerre sera terminée.

— Jag, je suis désolée, je suis juste très inquiète.

— Non, non, je t’assure, vaut mieux qu’on attende. De plus, je suis convoqué par le Général Bel Iblis. Je te retrouverai plus tard.

Il tourna les talons dans la coursive et elle fut tentée de le suivre mais se ravisa.

Qu’allait-il se passer ? Jag allait-il également s’éloigner d’elle ? Ou bien était-ce elle qui allait s’éloigner de lui ?

Sa relation avec lui ressemblerait-elle à terme à toutes ces unions étonnantes qui peuvent survenir en temps de guerre ? Une relation fondée sur le désespoir… Quoi qu’il en soit, le développement de cette relation avait été inattendu. Depuis les événements survenus dans le Consortium de Hapes, tous deux étaient devenus, à chaque nouvelle et brève rencontre, de plus en plus familiers l’un avec l’autre. Ils avaient semblé tomber amoureux.

Danni Quee lui avait dit un jour qu’il ne fallait pas trop se montrer analytique avec l’amour, que la pensée rationnelle était le meilleur moyen d’étouffer toute forme d’affection. Mais Danni, une scientifique qui passait le plus clair de son temps à analyser les choses, n’était peut-être pas la meilleure source de renseignements en matière de relations amoureuses. Comment ne pouvait-on pas se poser des questions sur la solidité des romances nouées en temps de guerre ? Parce qu’elles émergeaient souvent d’un désir de vivre les choses à plein, ces relations avaient la réputation d’être d’aussi courte durée qu’une explosion en espace profond. Les gens avaient tendance à négliger les procédures habituelles pour foncer tête baissée. Mais comment pouvait-on faire confiance à ses propres émotions, sachant que chaque nouveau jour pouvait être le dernier, pour vous, votre famille, vos amis, vos collègues ? Que serait-il arrivé si Jag et elle s’étaient rencontrés en temps de paix ? Qu’auraient-ils bien pu partager ? Des séances de cinéma holographique ? Des pique-niques ? Des petits week-ends en amoureux sur quelque monde touristique ?

Elle secoua la tête. Peut-être se montrait-elle beaucoup trop dure vis-à-vis de leur relation.

Tiens, ses parents, par exemple… Ils s’étaient rencontrés, ils étaient tombés amoureux et s’étaient mariés pendant la pire des périodes. Et pourtant, tout semblait rouler pour eux. Donc, ça pouvait rouler pour elle aussi, non ? Mais était-elle en train d’essayer de vraiment reproduire le schéma ?

— Salut, Soldat !

Kyp Durron arriva derrière elle et passa un bras autour de ses épaules. Svelte, les traits au cordeau, les cheveux noirs, il avait depuis quelque temps abandonné la perpétuelle expression furibarde qui avait été sa marque de fabrique pendant des années.

Jaina passa ses bras autour de la taille de Kyp et posa sa tête contre son torse. Cet homme qu’elle avait jadis giflé violemment était, depuis, devenu pour elle une sorte de mentor. Cet homme-là, tout particulièrement, l’avait aidée à surmonter une tornade d’émotions lors du retour inattendu de Jacen de sa captivité chez les Yuuzhan Vong, un an auparavant.

Ils firent quelques pas, puis Kyp s’arrêta et se tourna vers elle.

— Si ça peut te consoler, fillette, moi aussi je me fais du mouron.

Jaina se fendit d’un petit rire triste.

— Alors, c’est plus la peine que je dise quoi que ce soit, tu devines tout, pas vrai ?

Kyp secoua la tête et chassa une mèche de cheveux qui lui tombait devant les yeux.

— Tout semble indiquer que Jacen va bien. Mais tes parents ont des ennuis, c’est sûr. Ces temps derniers, ils ont eu le chic pour se fourrer dans de drôles de panades, et là je pense qu’ils y sont jusqu’au cou.

Jaina éprouva un certain réconfort à entendre Kyp réussir à formuler ses propres craintes. Pendant une courte période, elle s’était jadis demandé si elle ne pourrait pas tomber amoureuse de Kyp. Mais ces sentiments n’avaient été que passagers et, depuis, tous deux s’étaient liés d’une amitié aussi solide que sincère.

— Je viens tout juste de discuter avec un messager débarquant d’une station de l’Hégémonie de Tion, déclara-t-elle précipitamment. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression qu’ils sont là-bas.

Kyp médita l’hypothèse pendant quelques instants. Puis :

— Si c’est le cas, alors peut-être que je me trompe en pensant qu’ils sont en train de se frotter aux Yuuzhan Vong.

Jaina secoua la tête.

— Au contraire, Kyp. La station orbitale de Caluula est assiégée. D’après ce qu’a dit le messager, il se peut même qu’elle soit déjà tombée aux mains de l’ennemi. Si j’en savais un peu plus, je serais déjà partie, tu penses bien…

— Si tu as besoin que je t’accompagne, fais-moi signe ! dit Kyp en lui prenant la main.

 

Le rayon du blaster de Han frappa le Yuuzhan Vong au niveau de l’aisselle, là où il ne portait pas de protection. Le guerrier tournoya sur lui-même et entraîna dans sa chute les deux autres guerriers qui se trouvaient juste en dessous de lui. Cette menace immédiate éliminée, le mystérieux homme-fusée leva le bras gauche et décocha un petit grappin depuis le manchon qu’il portait à l’avant-bras. Le filin alla s’accrocher dans une poutrelle métallique et entraîna immédiatement le Mandalorien vers le plafond de la soute, au-dessus des guerriers Yuuzhan Vong qui lançaient vers lui leurs bâtons Amphi. L’homme se rétablit sur la poutrelle, observa ses agresseurs massés en contrebas, puis arma le lance-missiles de son pack dorsal.

— Bon sang ! Il va tirer !

Han et Leia attrapèrent chacun un bras de C-3P0 et tous trois se jetèrent au sol. Le projectile explosa au centre de la soute, terrassant quiconque se trouvait dans un rayon de dix mètres. Une cinquantaine de Yuuzhan Vong, morts ou blessés, gisaient à présent à la circonférence de l’endroit où s’était produite l’explosion.

Mais les renforts étaient déjà en route.

Han les entendit affluer par la coursive principale, poussant des cris de bêtes assoiffées de sang. Il bondit sur ses pieds, aida Leia et C-3PO à se relever. Le bourdonnement caractéristique des scarabées paralysants s’éleva. Simultanément retentit le sifflement du sabre laser de Leia.

Cette dernière dévia tous les insectes qui passaient à sa portée. Une douzaine de soldats de Caluula, surpris par les nuées de scarabées, battirent en retraite dans une coursive. Les insectes volèrent jusque dans les mains d’un autre détachement de Yuuzhan Vong et furent immédiatement renvoyés. Han aperçut cinq guerriers Vong relativement trapus. Ils ne portaient aucune armure mais étaient couverts des pieds à la tête d’une couche de sang séchée et noircie. Le plus étrange était leur façon de brandir leurs bâtons Amphi pour parer les rayons laser.

— On dirait qu’ils les utilisent comme des sabres laser ! cria-t-il à Leia.

— C’est pas une si mauvaise idée que ça ! hurla-t-elle, hors d’haleine, en retour.

Han, incrédule, secoua la tête.

— Tu crois qu’il s’agit encore d’une nouvelle race ?

— Pas le temps de s’arrêter pour leur demander !

L’équipe des Mandaloriens dut penser la même chose.

Deux des soldats décochèrent leurs missiles dans une section de cloison proche du sol, créant une brèche donnant dans la soute voisine. Les défenseurs de Caluula s’y précipitèrent. Han, C-3PO et Leia restèrent en retrait pour rassembler les retardataires, puis ils franchirent la brèche à leur tour, débouchèrent dans l’autre soute et s’élancèrent dans une large coursive, abaissant les portes blindées d’urgence dès que l’occasion se présentait.

Ils atteignirent une intersection. Han se retint de poser la question qui lui brûlait les lèvres.

— Par ici ! s’exclama C-3PO.

Han jeta un dernier coup d’œil aux soldats en armure, puis tourna les talons pour emboîter le pas à son épouse et au droïde de protocole.

Le corridor secondaire les mena directement à la passerelle qui reliait le troisième au quatrième module de la station de Caluula. Par-delà les parois incurvées en transparacier, des rayons laser et des projectiles de plasma striaient les ténèbres. Des coraux skippers et des engins stellaires alliés se donnaient la chasse, créant des ballets aériens chaotiques. Les tubes lance-missiles en forme de volcan des vaisseaux de guerre ennemis vomissaient continuellement leur feu mortel.

Han, Leia et C-3PO avaient à peine rejoint le quatrième module qu’une secousse terrible ébranla toute la station.

— L’yncha… dit Han.

— Ces choses-là ne sont pas faciles à rassasier, confirma Leia.

Un peu plus loin, l’adjudant-major corpulent de Garray leur fit signe de le rejoindre au milieu des soldats en train de plier armes et bagages.

— Capitaine, Princesse Leia, votre Faucon est prêt au départ.

Han le dévisagea.

— Vous plaisantez, là, non ? dit-il en faisant de grands gestes. La situation est encore pire dehors !

— C’est effectivement le cas, Monsieur. Quoi qu’il en soit, votre vaisseau est réparé et paré au décollage. Bon, certes, il n’est pas comme neuf, mais vous devriez être à même de vous traîner jusqu’à Mon Calamari en exécutant une série de microsauts.

Han et Leia échangèrent un regard dubitatif.

— Chaque officier que nous avons sauvé de Selvaris et que nous pourrons ramener à Mon Calamari pourra rallier au moins dix mille soldats supplémentaires à notre cause, traduisit Leia.

Han finit par hocher la tête.

— Des tas de gens bien plus malins que moi ont dû concocter ce plan. Je suppose qu’on doit se fier à eux et croire qu’ils ont raison de nous faire confiance…

— Tu parles comme un véritable engagé volontaire ! dit Leia en souriant.

L’adjudant-major de Garray les conduisit jusqu’à la section de la soute où était parqué le Faucon Millenium. Tous les appareils capables de prendre l’espace avaient déjà décollé et l’endroit était pratiquement désert. Cracken, Page et les rescapés de Selvaris attendaient au pied de la rampe d’embarquement.

Les sirènes d’alarme de la station se mirent à beugler par rafales triples.

L’adjudant-major de Garray poussa un juron, puis adopta une expression résignée.

— Le commandeur vient tout juste de lancer l’ordre d’évacuation générale.

Han hocha la tête, l’air triste.

— Il faut savoir quand se retirer du jeu…

— Je suis obligé de vous abandonner ici.

Han lui adressa un salut.

— Merci, Chef, nous ferons de notre mieux pour nous en tirer.

Puis il se tourna pour inspecter son cher cargo.

Leia remarqua l’air découragé de son mari.

— Il a bien dit qu’on devrait parvenir à se traîner jusqu’à Mon Calamari, non ?

— Ouais, en rampant à la vitesse d’un Vippit…

Le mécanicien responsable des réparations émergea de sous la mandibule tribord de la proue.

— On a rechargé autant que possible en gaz toutes vos tourelles et relié les réserves aux propulseurs, mais je serais vous, j’irais mollo avec les quadrilasers.

Il jeta un coup d’œil à l’appareil.

— Super vaisseau, que vous avez là. Faites bon voyage.

Han serra chaleureusement la main de l’homme.

Une explosion effroyable se produisit à l’autre bout de la baie. Des débris divers se détachèrent du plafond et commencèrent à pleuvoir sur eux.

— Tout le monde à bord ! cria Han. Sinon, on va être obligés d’y aller à la nage !

Voyant que Pash Cracken et quelques officiers n’avaient pas bronché, Han se précipita vers eux.

— Mais enfin, bon sang, qu’est-ce que vous attendez ? Une invitation officielle ?

Cracken esquissa un sourire.

— Avec tout le respect que je vous dois, Han, nous préférons rester ici pour défendre ce qui reste à défendre.

Han serra la mâchoire.

— Pash, Caluula n’est qu’un grain de sable et vous le savez parfaitement ! Le commandement de l’Alliance compte sur des gars comme vous pour nous aider à rallier le soutien de vos systèmes stellaires respectifs. Ça ne sert à rien que vous restiez ici. Ce sont des sirènes d’évacuation générale qu’on entend, là…

— Han a raison, Major, intervint Leia.

Cracken ne bougea pas.

— Nous sommes prêts à courir le risque, Princesse.

— Votre père ne nous le pardonnera jamais, soupira-t-elle.

— Il comprendra, j’en suis sûr.

Han hocha la tête.

— Alors, que la Force soit avec vous tous. En d’autres circonstances, j’aurais probablement fait le même choix.

Il se tourna et, sans regarder derrière lui, poussa Leia et C-3PO sur la rampe d’embarquement. Parvenu en haut, il fit signe à Page et aux autres officiers de s’installer dans la soute avant. Il demanda ensuite à Leia de commencer les opérations de préparation au décollage et envoya Cakhmaim et Meewahl s’installer dans les tourelles de tir. Il se rendit ensuite à la poupe pour vérifier l’état des capsules de sauvetage puis courut jusqu’au cockpit. Quand il déboucha dans le poste de pilotage, Leia était harnachée dans son fauteuil et les moteurs à répulsion venaient tout juste de démarrer.

Han se laissa tomber dans le siège du pilote et se sangla. Pendant ce temps, Leia fit décoller le Faucon. Le cargo s’éleva, exécuta un demi-tour puis fila par la baie d’envol protégée par le champ magnétique.

L’espace environnant n’était qu’un quadrillage de projectiles en fusion et de rayons laser. Droit devant, l’yncha flottait, immobile, boursouflé et repu, au milieu du champ de débris créé par les restes des coraux skippers qui s’étaient volontairement précipités contre les boucliers de la station. Des Ailes-X et toutes sortes d’autres vaisseaux flottaient également à la dérive à travers l’espace. Trois des modules de la station, éventrés, laissaient échapper ce qui leur restait d’oxygène. En contrebas, des explosions éclosaient telles des fleurs à la surface beige et vert de la planète Caluula elle-même, des coraux skippers endommagés plongeant dans les couches supérieures de l’atmosphère comme des météorites en feu.

Han vit une douzaine de vaisseaux s’échapper d’un module encore en état.

Mais tout était fini pour la station de Caluula.

— Il y a trois skips qui sont en train de converger vers nous, dit Leia en se tournant vers son mari. Et ce sont de vieilles connaissances…

Les yeux de Han se posèrent sur l’écran d’identification.

— Ceux qui nous ont suivis depuis Selvaris ? Mais ils en font une affaire personnelle, ou quoi ?

— Peut-être qu’ils n’aiment pas la couleur de la coque…

— Ah, là, je serais presque d’accord avec eux !

Ses mains se serrèrent sur la commande de direction.

— Accrochez-vous !

Tout en manœuvrant le vaisseau, Han se pencha vers l’intercom.

— Faites gaffe aux réserves d’énergie, vous deux ! lança-t-il aux Noghri. On ne voudrait surtout pas tomber en panne sèche !

Il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule.

— Les coordonnées de saut vers Mon Calamari ne devraient pas tarder…

— C’est bon, je les ai, dit Leia en étudiant l’écran du navordinateur. Cap au trois, zéro, trois. Ce qui signifie demi-tour vers la station.

— C’était trop beau…

Une violente explosion secoua l’appareil alors qu’il venait à peine d’effectuer la moitié de son virage.

— Ah, merde, on a perdu la seule pièce neuve qu’ils venaient d’installer. Mais bon, tant pis, on doit pouvoir continuer sans…

— Je l’espère, mon chéri…

L’un des coraux skippers à double cockpit et à empennage incurvé apparut par la verrière panoramique et mit le cap droit sur le cargo.

— Allez ! Tirez ! hurla Han dans l’intercom.

Des anomalies gravifiques se formèrent à l’avant du skip en approche mais une puissance de tir incommensurable eut bientôt raison d’elles et le chasseur Vong s’abîma dans une boule de feu.

— Cakhmaim devient vraiment très bon au tir ! s’exclama Leia.

Han secoua la tête.

— Ce n’est pas lui qui a fait ça.

Il se pencha en arrière dans son fauteuil et releva la tête pour regarder par les panneaux supérieurs de la verrière. Un vaisseau de patrouille de sécurité, typique de la classe Firespray, fusa à travers l’espace, dépassant le Faucon. Sa carlingue et ses ailerons formaient une croix au-dessus d’un assemblage ovale de propulseurs. Il était suivi de quatre appareils de classe Gladiateur, appelés ainsi car leur silhouette évoquait celle d’un glaive enfoncé jusqu’à la garde dans un bouclier circulaire.

— C’est Boba Fett ! J’en étais sûr ! Et il est en train de nous dégager le passage ! cria Han. C’est bien dans sa manière de vouloir conserver l’avantage. Nous lui sommes redevables, du coup…

— Transmission interceptée, annonça Leia. Ça vient du Firespray, justement…

La voix de Boba Fett crachota dans les haut-parleurs de la console de communication :

— Je tenais juste à te rappeler un truc, Solo. C’est aux Jedi que j’en veux, pas à toi. Toi, dans cette histoire, tu n’as été qu’une monnaie d’échange, finalement.

— Si ça peut te rassurer, Fett, ricana Han, toi, dans cette histoire, tu n’as été qu’un incident de parcours.

Fett éclata d’un rire bref.

— A un de ces jours, Capitaine Solo !

— Ouais, compte là-dessus !

Décochant des missiles simultanément sur bâbord et tribord, le Firespray continua d’ouvrir la voie au Faucon quasi désarmé. Fett fit ensuite pivoter les ailettes de son appareil de patrouille en guise de salut et se volatilisa dans le cosmos.

— Paré pour la vitesse-lumière, annonça Han.

Leia se laissa tomber à la renverse dans son siège de copilote et hocha lentement la tête.

— Eh bien, là, je crois que j’aurai tout vu et tout entendu…

Elle se tourna vers Han en souriant.

— Maintenant, je suis aussi prête à croire que cette guerre finira vraiment un jour.

 

Les effectifs des Jedi avaient été réduits de moitié depuis le début de la guerre. Luke Skywalker et quelques autres étaient hors de portée dans les Régions Inconnues. Une vingtaine d’enfants Jedi étaient toujours réfugiés dans la base secrète de La Gueule. La plupart des autres Chevaliers étaient impliqués dans diverses opérations militaires gérées par l’Alliance Galactique. Kenth Hamner ne parvint donc à rassembler qu’une douzaine de Jedi pour la réunion prévue dans les quartiers de Tresina Lobi, sur Mon Calamari.

Bien que Spartiate, la pièce circulaire située au dernier étage de la Tour des Quarren à Corail City était très spacieuse et offrait une vue à trois cent soixante degrés sur la mer tranquille et les récifs étincelants. En l’absence prolongée de Luke et de Saba, et avec Kyp Durron perpétuellement en mission avec ses Apôtres, Tresina Lobi occupait à présent une place de choix au Conseil de Cal Omas. La Jedi Chev avait le visage étroit et les traits anguleux sous des cheveux noirs coupés court.

Tresina, Markre Medjev et Cilghal, la Guérisseuse Jedi Mon Cal, avaient passé la matinée à préparer des amuse-gueule. La grande table ronde du salon débordait déjà du fruit appétissant de leurs travaux lorsque Kenth et les autres commencèrent à arriver.

Graduellement, ils vinrent prendre place autour de la table. Seul Kenth, trop énervé pour manger ou s’asseoir, préféra rester debout, à marcher de long en large. A la gauche du fauteuil de Tresina et dans le sens des aiguilles d’une montre s’installèrent Cilghal, Jaina, Kyp, l’immense Lowbacca à fourrure rousse, la Twi’lek Alema Rar, le spécialiste en missions commando aux cheveux poivre et sel Kyle Katarn, la Chandri-Lan Octa Ramis, l’émacié et très balafré Waxam Kel, ainsi que le jeune Zekk, au charme si ténébreux.

— Certains d’entre vous ne savent peut-être pas encore que l’agent Baljos Amjak n’est pas rentré de la mission d’infiltration de l’Escadron Spectre sur Coruscant, annonça Kenth en faisant le tour de la table à grandes enjambées. Bhindi Drayson devait rester sur la planète. C’est Amjak qui a pris sa place et qui, depuis, a fourni toutes sortes d’informations secrètes à l’Alliance à l’aide d’une sorte de moisissure que lui et ses équipiers ont semée pendant la mission, dissimulant des nanodroïdes espions.

Kenth s’arrêta entre Cilghal et Jaina, se pencha en avant et s’appuya, les paumes bien à plat, sur la table.

— Le dernier rapport d’Amjak nous signale que Yu’shaa, le prétendu prophète des hérétiques, a été aperçu récemment sur Coruscant. Récemment, c’est-à-dire au cours de la semaine passée, puisque c’est le temps nécessaire aux messagers pour transporter les informations jusqu’à Mon Calamari depuis le Noyau.

— Est-ce que son identité a été contrôlée ? demanda Kyle depuis l’autre côté de la table.

Kenth hocha la tête.

— Ce qui signifie soit qu’il ne s’est pas rendu sur Zonama Sekot avec Corran et Tahiri…

— Soit qu’il est déjà revenu, mais sans eux, suggéra Kyp. Est-ce qu’il y a moyen de vérifier s’il est arrivé à Coruscant à bord du même vaisseau sur lequel tout le monde avait embarqué ?

— Non, répondit Kenth.

[Peut-on savoir s’ils sont effectivement arrivés sur Zonama Sekot ?] déclara le droïde chargé de traduire la voix de Lowbacca.

Kenth se tourna vers le Wookiee.

— Très bonne question. A l’inverse de la plupart des relais du réseau HoloNet, celui d’Esfandia fonctionne encore. De façon sporadique, certes, mais il est toujours opérationnel. Donc, en supposant qu’il ne soit rien arrivé à l’Ombre de Jade, Luke et Mara auraient dû être en mesure de nous contacter, à l’heure actuelle.

— Nous avons assez attendu, intervint Octa Ramis. Il est temps d’envoyer un vaisseau à leur rencontre.

Tout le monde garda le silence pendant un long moment.

— Je doute que nous puissions retrouver Zonama Sekot aux coordonnées des transmissions de nos derniers messages, dit enfin Cilghal. Je soupçonne la planète vivante d’avoir bougé.

— Sur la base de quels indices ? demanda Alema.

— Sur ce que me dit la Force, dit Cilghal en croisant ses grandes mains palmées.

Kenth regarda une par une toutes les personnes attablées.

— Quelqu’un d’autre aurait-il ressenti quelque chose de similaire ?

— Moi, déclara Jaina. La présence de Jacen me paraît beaucoup plus distante que la dernière fois que j’ai reçu un message de Luke et de Mara.

Elle secoua la tête, l’air lugubre.

— Je ne le perçois plus aussi distinctement.

Kenth soupira longuement avant de déclarer entre ses dents :

— Ça me paraît plus que suffisant pour que nous allions nous entretenir avec ce fameux prophète, vous ne trouvez pas ?

Kyp se racla la gorge.

— Tout à fait d’accord. Mais gagner Coruscant ne sera pas facile, même si les appareils des Brigades de Paix et les vaisseaux marchands sont encore autorisés à s’y poser.

Alema regarda Kyp et Kenth.

— Est-ce qu’on pourrait demander à l’Alliance d’aider certains d’entre nous à s’infiltrer ?

— Non, dit Kenth en secouant la tête. Il faudrait leur raconter en détails ce que nous cherchons à faire, leur expliquer pourquoi nous n’avons pas informé le commandement de notre décision d’approuver le départ de Corran et de Tahiri pour Zonama Sekot. Si les services secrets apprennent que nous avons laissé passer la chance de pouvoir capturer une modeleuse, un prêtre et le Prophète lui-même d’un seul coup de filet…

— On pourrait peut-être demander à Wedge, non ? suggéra Markre Medjev.

— Oui, on le pourrait, acquiesça Kenth. Et je suis certain qu’il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour nous aider à rejoindre Coruscant. Mais je ne veux pas le coincer dans une situation qui l’obligerait à mentir à Sovv et à Kre’fey.

— Je suis d’accord, dit Cilghal.

— Moi aussi, ajouta Tresina en hochant la tête.

— Tout ça commence à me rappeler l’histoire de Myrkr, pas vous ? grommela Kyp.

Zekk le foudroya du regard.

— Si Anakin n’avait pas pris la décision d’exécuter cette mission, nous serions tous à l’heure actuelle en train de pourrir dans les estomacs des voxyns !

— Zekk a raison, intervint Octa Ramis. Si cela vous rappelle Myrkr, c’est que nous n’avons tout simplement pas d’autre choix que d’y aller, c’est tout.

Kenth se redressa et arbora une expression de détermination.

— Laissons une semaine supplémentaire à Maître Skywalker. Si nous n’avons pas de nouvelles de lui au terme de ce délai, nous constituerons un commando.

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